Initiation à la beauté mahoraise
- Lena Denais
- 25 juil. 2019
- 3 min de lecture
Nous avons eu la chance, avec d'autres nouvelles arrivantes sur l'île, de pouvoir prendre part à un atelier de beauté mahoraise, idéal pour s'imprégner et en apprendre un peu plus sur la culture locale !
Avant de pouvoir se mettre à l'oeuvre, il faut d'abord trouver les matières premières. Eh oui ici tout est naturel, on utilise nos petites mains et rien que nos petites mains !
Nous sommes accueillis très chaleureusement dans la commune de Ouangani par notre animatrice qui nous initie à la cueillette des fleurs et plantes essentielles à l'élaboration des soins des Boueni (femme en mahorais).
On commence par collecter le jasmin, jolie petite fleur blanche très parfumée, plantée devant ou dans la cour des maisons. Elle est plutôt difficile à trouver en cette journée de Manzaraka ou Grand Mariage (une partie du mariage mahorais) synonyme de colliers et broches de fleurs fabriqués en grande quantité !



On nous montre ensuite les différentes sortes de basilic de l'île, pour la cuisine ou aromatique, et le henné, petite plante verte qui produit sa teinte orangée/rouge en la broyant très finement.
Sur le chemin on trouve aussi l'ylang-ylang, cananga odorata, la « fleur des fleurs », en grande quantité dont les fleurs sont utilisées pour parfumer les broches des Boueni mais aussi et surtout cultivées pour leur huile essentielle obtenue après distillation, très prisée en parfumerie.

La distillerie
Mayotte est surnommée l’île aux parfums depuis le développement au début du 20e siècle de la culture de l’ylang-ylang.
Première parure, les broches de fleurs

Autrefois quotidiens, les rituels de beauté mahoraise deviennent, avec l'émancipation et la métropolisation progressive des femmes, de plus en plus synonymes d'une occasion spéciale car chronophages.
Pour commencer, on s'atèle à la fabrication de broches de fleurs, très jolies mais qui doivent surtout sentir bon avec un doux mélange de jasmin, de basilic et d'ylang-ylang.
Dans l'ordre : le basilic puis les fleurs de jasmin qu'on pique de plus en plus loin sur la tige pour faire une "boule" uniforme et enfin l'ylang-ylang, plus ou moins des pétales de rose pour la couleur.



C'est un travail minutieux !


Et voilà le résultat !
Deuxième parure, le m’zindzano
Attention ça devient plus sportif avec l'élaboration du m'zindzano, le masque de beauté confectionné à partir de bois de santal qui sert à protéger la peau du soleil, des impuretés et des moustiques. Aucune des crèmes anti-rides qu'on trouve en magasin ne peut rivaliser !
Le secret de sa fabrication ? De bon biceps !


En effet, le masque se fabrique en frottant (longtemps !) du bois de santal sur une tablette en corail et en ajoutant progressivement de l’eau à la poudre beige obtenue. Avec un bâtonnet, on l'applique sur le visage en formant de jolis motifs pour les fêtes et cérémonies ou simplement sur tout le visage pour tous les jours. Il blanchit progressivement en séchant.

Le m’zindzano peut aussi être appliqué sur le corps, notamment après l’accouchement ou chez les nouveaux nés pour les protéger des fortes chaleurs.
Le masque et les broches


Troisième étape, le gommage
On se croirait presque au spa ici avec comme seuls bruits de fond le clapotis de l'eau dans la distillerie et les oiseaux, sans oublier le super gommage naturel !
Pour le fabriquer on reprend ses petits bras : il faut d'abord casser une noix de coco en deux en tapant des coups francs au milieu de la coco puis la rapper en s'asseyant sur un petit tabouret munie d'une rappe spécial au bout. Il n'y a plus qu'à prendre le coup de main !



On fait la même chose mais cette fois-ci en rappant le curcuma, épice aux multiples vertues!

On ajoute le henné écrasé finement et hop le gommage est près !

Et pour finir, présentation du lambawani
Il se présente en deux parties: le salouva et le kishali. Le salouva est un paréo riche en motifs et couleurs qui s'enfile sur les habits jusqu'à la poitrine où on fait le nœud. Le kishali est soit posé sur l'épaule en écharpe soit sur la tête.

Nous voilà prêtes pour n'importe quelle manzaraka !
Avant de passer à table, une petite visite des alentours s'impose dans une végétation luxuriante !



Des bambous géants
Au menu ce midi, du local : riz blanc (of course), des bananes plantains bouillies, du mataba, du poulet aux épices et de la papaye verte.
Les bananes plantains, non sucrées par rapport à leurs cousines, se mangent frites, au four ou bouillies. Leur goût se rapproche un peu de celui de la pomme de terre. Elle est à la base de l'alimentation mahoraise.
Le mataba, recette traditionnelle à base de feuilles de manioc et de lait de coco, a un peu l'aspect des épinards. Il est très long à préparer et à cuire (au moins 3 heures !).
Habituellement sucrée, la papaye non pas jaune/orange mais verte, avant maturité, se mange salée et rappée en salade.

On se régale !
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